Georges Boureau, mon grand-père

  • Marie-Françoise Delval
  • Portraits
Georges Boureau, mon grand-père

Dans le Sud de Madagascar et notamment dans la région de Fort-Dauphin, le sisal fait l'objet de vastes concessions. Cette fibre textile qui, à certaines époques, s'était très largement répandue dans d'autres régions de l'Ile, tient encore une place honorable dans l'économie malgache. L'introduction de cette plante à Madagascar et le développement de sa culture reviennent à un homme qui exerça de multiples activités au début de la colonisation : Georges Boureau (1860-1925), mon grand-père.

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Biographie de Georges Henri BOUREAU
par Raymond DELVAL

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Né le 28 juin 1860 à Boismorand, dans le Loiret, Boureau Georges, Willis, Henri, qui exerçait la profession d'employé comptable, contracta en 1881 un engagement volontaire de cinq ans au 101 Régiment de Dragons. Son engagement militaire terminé, il résida à Paris pendant sept ans, puis se rendit à Athènes en 1892 pour rejoindre son frère Édouard qui avait participé aux travaux de creusement du Canal de Corinthe. Son séjour en Grèce ne dura que quelques mois et il revint en France pour s'établir à Mussidan, en Dordogne.

En 1897, il quittait à nouveau la France pour partir en Afrique du sud, à Prétoria. Il y resta cinq mois puis décida de se rendre à Madagascar. Il arriva à Tananarive au mois de juin 1898. Il avait alors 38 ans.

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A la fois entrepreneur et colon Georges Boureau s'intéressa vivement au pays neuf où il venait d'arriver. Le Général Galliéni, qui se connaissait en hommes, avait découvert en lui un colon de grande classe et, sur ses instances, Georges Boureau décida de se fixer définitivement à Madagascar.

 

Sa première réalisation fut la création d'une fabrique de meubles. A une époque où il n'y avait pas de meubles à Tananarive, il monta un atelier de menuiserie qui, pendant dix ans, fournit le mobilier indispensable aux nouveaux arrivants. La qualité de ce mobilier, exécuté avec les bois précieux malgaches, lui valut une récompense en 1905.

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En tant qu'entrepreneur de travaux, il eut à son actif de nombreuses réalisations, tant pour le compte de l'Administration que pour des particuliers : routes, canaux, ouvrages d'art et constructions diverses. On peut citer entre autres le pont de la Nandrojia sur la route de Majunga, et l'immeuble du Comptoir National d'Escompte à Tananarive qui fut agrandi plus tard.

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En 1900, grâce à son frère Édouard qui se trouvait au Mexique, il fit venir du Yucatan des plants de différentes variétés d'agaves textiles qu'il planta sur sa propriété d'Ambaton-Dratsida à Soanierana, près de Tananarive. De là, les agaves furent transplantés sur un lot de 10 hectares qui constitua, en 1901, un premier champ d'essai et une pépinière à Manandriana, au Nord-Est de Tananarive. Ces pieds d'agaves représentaient toutes les variétés exploitées au Mexique mais ce furent les variétés produisant les fibres textiles employées dans l'industrie que Georges Boureau voulut surtout cultiver. Cette première plantation étant en bonne voie, il demanda au Gouvernement une concession de 300 hectares pour lui permettre de poursuivre son entreprise sur une grande échelle. Plus tard, il cultiva les agaves sur sa concession près de Marovoay. Ce fut le point de départ de la diffusion du sisal dans l'Ouest malgache. Les grandes exploitations furent entreprises par divers colons et sociétés et, après avoir pris une grande extension, les sisaleraies se localisèrent dans le Sud de Madagascar où elles trouvèrent les conditions de sol, de climat et de main-d'oeuvre les plus favorables.

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Georges Boureau créa également dans la région de Tananarive une plantation d'arbres fruitiers et de variétés de mûriers nouvellement introduites qui fut primée à différentes reprises. Il compléta sa muraie par des magnaneries avec filage de cocons et tissage de la soie en utilisant le ver à soie amélioré donnant de très beaux cocons. Il cultiva sur cette propriété différentes variétés de tabac dont les plants bien soignés servirent de porte-graines pour leur diffusion par le service des tabacs.

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En 1912, il se fixa dans l'Ouest pour la mise en valeur et la transformation en rizières de 2000 hectares de terrains desséchés de la vaste plaine de Marovoay. Pour la construction de canaux et d'aménagements hydrauliques divers, il obtint le concours bénévole de plusieurs centaines de paysans intéressés aux améliorations et travaillant sous la direction du personnel malgache qu'il avait à son service depuis de longues années. Il obtint sur sa propre exploitation du riz de première qualité qui fit par la suite la réputation de cette région exportatrice de riz de luxe.

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Lors de l'exposition coloniale de Marseille en 1922, les différents produits qu'il envoya, fibres, riz, etc. remportèrent la médaille d'or.

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Indépendamment de ses entreprises personnelles, Georges Boureau animait de ses activités inlassables en tant que président ou vice-président différents corps constitués ou organismes professionnels : Chambre Consultative, Comice agricole, Chambre d'Agriculture, Syndicat des entrepreneurs, syndicats agricoles, auxquels s'ajoutaient des groupements à caractère social ou culturel : Société de bienfaisance, Société de protection de l'enfance abandonnée, Ligue des droits de l'homme, Alliance française.

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S'intéressant à la connaissance de Madagascar, il fut nommé membre associé de l'Académie Malgache en 1914 et membre correspondant le 23 décembre 1915. Il y comptait parmi ses amis intimes le Dr Fontoynont et le Dr Villette. Il avait envoyé à l'Académie des fossiles de grands reptiles trouvés dans les plaines de l'Ouest et remis au Palais de la Reine le monument Commémoratif de Ratsida qui se trouvait sur sa propriété de Soanierana.

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Atteint d'urémie alors qu'il se trouvait sur sa concession de Marovoay, il fut évacué sur Majunga où il mourut le 17 mai 1925. Ses restes mortels furent transférés à Tananarive.

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Georges Boureau apparaît ainsi comme un personnage représentatif des pionniers du début de la colonisation, dont les nombreuses et intéressantes réalisations se révélèrent profitables à bien d'autres par la suite. En récompense de ses activités, il fut nommé en 1902 Chevalier de l'Étoile d'Anjouan et, le 12 août 1923, Chevalier de la Légion d'Honneur.

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Article rédigé par Raymond DELVAL,
paru dans "Hommes & destins" tome 3 Madagascar – 1979
Académie des Sciences d'Outre-Mer.

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BIBLIOGRAPHIE

Annuaire de Madagascar 1902. Province de Tananarive, p. 324.

Les agaves, textiles du Mexique à Madagascar, Journal d'Agriculture Tropicale. Paris, 31 mars 1902, p. 95. Dépêche Coloniale du 17 décembre 1901.

L. DAHLE et JOHN SIMS, Anganon'ny ntaolo. 5ème édition p. 426-427: Fahatsiarovana an RATSIDA, maty nanafika Tany Ikongo (à la mémoire de RATSIDA tué au cours de l'expédition d'Ikongo).

 

PHOTOS DE FAMILLE

Georges Boureau épousa une malgache, Victoire Razafy, et ils eurent 5 enfants : Marie, Hugues, Thérèse, Jeanne, et Louise (ma mère).
MFD

 

photo 1

 

 

photo 2

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